Trouver son professeur de yoga

La 1ère fois que j’ai entendu l’expression « Mon professeur » avec un air de « le mien pas le tien », je me suis demandé ce que cela pouvait cacher, en quoi un professeur ne pouvait pas être partagé ?

Qu’est-ce que cela signifie pratiquer avec « son professeur de yoga »? Trouver le yoga qui nous convient, ou trouver la personne qui nous fera avancer sur la voie du yoga ? Trouver des personnes inspirantes ? Trouver un mentor, un Guide…? Bref, dans mon esprit, une relation unique semblait lier le professeur de yoga et son élève, mais pouvait-on aller à parler de relation aussi unique avec chacun de ses élèves?

Suivre des études au sein d’une classe classique ( à l’école par exemple), c’est se lier avec un professeur. On apprend à se connaître, on aime ou pas ce qu’on connaît de sa personne, puis on apprécie ou pas son enseignement, mais le fait de rester son élève n’est en aucun cas remis en question. Il peut paraître important de distinguer la personnalité de la qualité de l’enseignement fourni pour évaluer les connaissances transmises, mais la méthodologie et la capacité du professeur à impliquer une majorité d’élèves me semble inextricablement liées à sa personne: ce qu’il est, ce qu’il aime, de quoi il s’inspire, ce qu’ il souhaite partager… Enfin, chaque relation comme chaque individu a quelque chose d’unique bien qu’un professeur essaie d’être le plus impartial possible entre tous ses élèves.

De la même manière et plus encore, il me semble impossible dans l’enseignement du yoga de faire fi de l’identité d’une personne. Les échanges entre un professeur et un élève dans une classe de yoga me semblent être plus intimes encore que dans un cours traditionnel. De son côté l’élève engage tout son corps et son esprit pour effectuer la pratique, tandis que le professeur lui, révèle sa finesse de compréhension de l’intimité corporelle et psychique de l’élève. Le fait de communiquer par le corps avant d’espérer se lier par la parole ou par l’esprit donne une autre dimension à cette relation. Elle n’est plus freinée par une gêne corporelle, un ego social d’apparence. Le professeur et l’élève savent, et eux seuls savent, ce qu’ils se passent en l’élève dans le cours de yoga. Il y un discours muet, une compréhension intime tue mais bien réelle.

C’est là que je comprends que rencontrer « son » professeur de yoga n’implique pas une notion de propriété. Cela sous-entend juste qu’avec ce professeur, l’élève a établi un échange qui est juste pour lui, il a trouvé un enseignement qui parle à son corps et son mental, qui lui correspond.

Dans cette perspective, on peut dire qu’un professeur de yoga n’est pas forcément adapté aux besoins ou envies de tous; mais j’ai toujours éprouvé un certain respect pour cette dévotion d’un individu corps et âme à une pratique visant au bien-être; de soi et des autres. J’ai toujours apprécié ces personnes qui parvenaient à me faire découvrir des choses en moi/sur moi sans en avoir l’air de trop me connaître mais qui observaient en fait très finement. Je dirais même qu’en tant qu’élève, j’ai apprécié voire adoré des professeurs de yoga mais je n’en ai rejeté aucun. Je ne me suis pas retrouvée dans certaines pratiques, certaines méthodes d’enseignements mais sans que cela ne soit lié à leur personnalité. C’est comme si leur capacité à me faire progresser était décorrélée de leur personne. Ainsi, j’ai pu comprendre et saisir des enseignements alors même que ce n’était pas un professeur que j’affectionnais.

Puis je suis moi-même devenue professeur de yoga…

Et en tant que professeur, j’ai pu confirmer qu’un des enjeux est de pouvoir embarquer le plus d’élèves possibles sur la voie du yoga alors même qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. J’essaie d’être à l’écoute, de transmettre à ma façon afin que chacun parvienne à entendre et à faire sien, ce que je souhaite partager. J’essaie de trouver des mots qui vont faire sens pour chacun, de trouver des moyens pour que tous nous puissions nous retrouver à vivre la même sensation, à sa mesure, selon son corps, selon sa journée, son état du moment. Autrement dit, trouver comment rattacher tous les wagons et voyager ensemble. Mais même si mon effort va vers le collectif, je sens bien que tous ne sont pas là pour la même raison, et que si certains reviennent car ils apprécient le professeur, d’autres ne reviennent pas. Il y a là quelque chose d’un peu blessant car soit mon enseignement est jugé mauvais est c’est terrible de ne pas transmettre un savoir de qualité, soit ma personnalité est rédhibitoire, soit il y a eu erreur de la part de l’élève dans le choix de la pratique et là c’est plus rassurant. Dans tous les cas, je reprends les mots de B.K.S Iyengar dans Les bases de l’enseignement du yoga Iyengar pour me guider:  » Après le cours, votre travail consiste à chercher à élucider pourquoi l’élève ne comprend pas la posture. vous devez réfléchir à ce que sont leurs problèmes. Réfléchissez encore et encore. Travaillez ensuite sur vous-mêmes. »

En tant que professeur, je réalise qu’une relation particulière peut exister avec certains élèves. Il y a une vraie découverte de personnalités, d’esprits, de corps. Des corps qui changent, évoluent, se blessent, résistent, se détendent; puis des personnalités qui s’adoucissent, s’ouvrent; des vies qui changent et des relations qui s’en trouvent modifiées. Le professeur peut avoir un rôle important pour un élève (et vice versa) mais cette relation est fragile et absolument pas immuable.

C’est en cela que je la distinguerais de celle Mentor- élève qui me semble plus solide, inscrite dans une durée plus certaine. J’ai eu plusieurs professeurs de yoga avec qui j’ai aimé pratiquer; j’ai trouvé des professeurs avec la compréhension du/de mon corps et la qualité/ le type d’enseignement que je cherchais, puis j’ai dû choisir un Mentor pour m’accompagner dans ma formation. Je me suis alors interrogée sur la manière de le choisir: le destin le placerait-il sur mon chemin? devrais-je essayer tous les cours de potentiels mentors pour choisir le meilleur « fit » comme on essaie un cours de yoga puis un autre? devrais-je d’abord nouer une relation longue pour savoir si c’est lui? Finalement, c’était tout simple: est devenu mentor le professeur qui était là au bon endroit au bon moment et avec qui j’ai le désir d’apprendre, d’être guidée sans avoir pris le temps d’en rencontrer d’autres. Et contrairement à ce que j’aurais pu imaginé, ce n’est pas une complicité amicale qui s’installe mais un intérêt emprunt de respect, de simplicité et de sérieux. Je ne le vois pas comme un simple professeur qui peut me faire évoluer avec les autres élèves, mais comme une personne à qui je dois une grande sincérité dans ma pratique pour qu’il sache spécifiquement parler à mon corps et à mon esprit. L’exigence d’une relation plus étroite de ma part existe et c’est réciproque me semble-t-il. L’affection que je peux ou pas lui porter n’interfère même plus dans mon appréciation. Un examen est venu se placer comme ligne directrice de notre relation et c’est dans cet objectif que notre sincérité totale doit se faire.

C’est selon moi le stade précédent la relation ultime entre un Guide et un élève. Pour mieux comprendre la force d’un guru, voici des mots d’Abidjata Iyengar au sujet de Guruji, son grand père: « il continue à nous inspirer parce qu’il m’a enseigné – et je parle aussi au nom de tous ceux qui ont été proches de lui – quelque chose de si authentique, de si vrai, de si extraordinaire et à la fois de si sensé que nous en restons imprégnés. Si ça avait été quelque chose de superficiel, on l’aurait déjà probablement oublié ou d’autres choses seraient venues le remplacer. Mais parce que nous avons été en contact permanent avec son enseignement, celui-ci reste en nous et fait désormais partie de nous… »

Ainsi, trouver son professeur de yoga me semble d’abord être une chance, puis une opportunité pour aller vers une connaissance approfondie de soi-même en toute liberté, et enfin une étape vers une connaissance plus universelle de l’être humain. Le mentor renvoie pour moi à une relation plus cadrée, tandis que celle de Guru en appelle à de la dévotion.

Et vous, quelle relation avez-vous avec votre professeur de yoga? Qu’attendez-vous de lui?

2ième rentrée postpartum

« Ca y est, c’est la rentrée.

Ca y est, il va chez la nounou et il boit mon lait au biberon.

Ca y est, le premier est rentré à l’école maternelle. »

Elle me paraissait loin, lointaine, conceptuelle… puis elle a fini par arriver avant que je n’ai eu le temps de m’en rendre compte. Je n’ai pas exercé d’activité professionnelle pendant exactement 3 mois et demi. Un luxe inespéré pour certaines, une folie pour d’autres, et beaucoup d’autres encore qui se disent, en me voyant 1 heure de temps en temps, que quand même, je semble assez  » normale » pour reprendre, il était temps…

[Normale = je n’ai plus le gros ventre car le bébé est dehors; ma fatigue ne se voit pas assez dans mes yeux contrairement à mes nerfs qui ont parfois envie d’hurler; j’avais du mal à raconter mes journées « creuses » car pas mal rythmées par les tétées et les couches qui semblent…]

Pour ce deuxième opus dans ma vie de maman, je me suis dis que je prendrais mon temps et que je profiterais de mon bébé plus longtemps que pour le 1er. Puis les choses se sont enchaînées naturellement pour reprendre de nouveau vers 3 mois 1/2: un moment qui coïncide avec la fin de l’été, qui correspond à la fin d’une activité professionnelle confinée, qui me permet d’embarquer avec l’énergie de tout mon entourage pour la rentrée, après 3 mois 1/2 qui sont assez longs pour risquer de se faire oublier professionnellement dans mon cas… Finalement, je n’ai pas profité à plein temps de mon bébé si longtemps. Mais est-ce si grave? Je suis une mauvaise mère?

Si cette question me taraudait déjà pour le premier, elle est encore plus présente pour le 2ième, maintenant que j’ai fais l’expérience du  » ils grandissent trop vite il faut profiter » que toute maman s’est vu répéter des dizaines/centaines de fois.

Malgré cela, j’ai aussi vécu cette rentrée avec un sentiment de nécessité.

Une nécessité financière certes, mais une nécessité aussi personnelle. Dès le début, une sensation d’émancipation très agréable m’a accompagnée au quotidien. Une sensation de liberté voir d’indépendance que j’ai aimé retrouver, je l’avoue sans (presque aucun) complexe. Les mois d’été, très bien entourée il est vrai, avec 2 enfants ont éveillé en mois le besoin de renouer avec mon corps, avec des adultes, avec l’extérieur plus que pour le premier. Vivre l’été au calme avec un bébé, c’est doux, c’est chouette, mais ça donne aussi l’impression qu’on vit isolée. J’ai donc décidé de surfer sur la vague de la rentrée.

Wahoo mais quel stress! Avec deux enfants de 2 ans et demi d’écarts, je réalise vite que ce n’est pas la même histoire: gérer les 1eres fois des enfants dans de nouveaux environnements, la séparation physique réelle et non plus fantasmée avec son bébé, le retour à son travail… Je pensais que le retour à un équilibre enfants/travail/vie d’individu serait moins intense.

Dose de stress numéro 1. J’ai la chance de très bien connaître ma nounou et de lui donner toute ma confiance puisque c’était celle du 1er. Je n’ai pas douté un seul instant que cela se passerait très bien, j’ai donc évité une certaine dose de stress liée à l’inconnu. J’avais même pris les devants en m’absentant pendant 2 jours la semaine d’avant pour faire nous préparer, ou plutôt me préparer et tester mon organisation…J’ai quand même culpabilisé, en pensant qu’il m’en voudrait, déchargerait en fin de journée, qu’il se sentirait abandonné, que je devais être une mauvaise mère pour le laisser si tôt. Le stress inhérent à cette situation s’est révélé bien présent même si je pensais ne pas trop mal gérer la situation.

Dose de stress numéro 2. J’avais une partie une mon esprit bien préoccupée par la rentrée du plus grand en petite section de maternelle: Va-t-il s’y plaire? Aura-t-il des copains/copines? Va t-on être assez doux avec lui s’il y a un accident de pipi? Que va t-il manger? Je n’allais rien connaître de ses journées désormais alors que j’avais tout les détails avec des photos quotidiennes…

Dose de stress numéro 3.J’ai aussi dû dédier une partie de mon cerveau à mon activité professionnelle. Plusieurs bâtons se sont mis dans mes roues pour la rendre assez chaotique, voire décourageante. Je me disais même parfois que c’était le destin qui m’indiquait de ne pas reprendre finalement.

Dose de stress numéro 4. La vie de couple mise à l’épreuve, qui manque tout simplement de temps pour exister.

En gros, dans ma tête, c’était pas simple et j’étais plutôt super inquiète sur tous les sujets ! J’ai passé les premières semaines avec une casquette de chef d’opération commando pas très drôle: les sacs des petits; tirer son lait le maintenir au frais et penser à ce que la nounou en ait assez; organiser mon travail/mes journées/mes élèves perdus-à confirmer- à trouver; gérer la maison et penser aux diners auxquels je n’assiste plus que rarement… Bref la « to do » ne se réduisait pas, le stress non plus; j’ai vraiment eu l’impression de passer ces premières semaines en apnée.

Mon diaphragme s’est bloqué: signe qu’il fallait réagir, c’est-à-dire réduire les doses de stress.

Dose 1: relativiser et déculpabiliser pour son bébé laissé chez la nounou. Absente très souvent tout ou partie du week-end, je le récupère en milieu d’après midi 2J/semaine et le garde tout le mercredi: ce n’est pas si mal. Le lait coule toujours malgré la reprise du travail et la gestion serrée des tirages et mises au frais: il peut donc manger à sa faim, et reste souriant le matin et le soir. Cela a même permis d’avoir une vision claire des besoins en lait. La culpabilité de maman qui ne partira jamais vraiment s’est vue compensée par la joie de le voir s’éveiller avec d’autres personnes que moi. Je me répète qu’on doit leur apprendre à voler, pas à rester au nid pour me rassurer. Je réalise aussi que c’est le fait d’avoir l’esprit préoccupé par deux enfants qui m’a permis de ne pas trop m’appesantir sur cette séparation; j’avais presque trop à faire pour commencer à ajouter des noeuds dans ma tête !

Dose numéro 2: la rentrée du grand. Il semble adorer l’école et s’épanouie: soulagement. Et si je doute qu’il fasse des repas complets, cela le rend moins difficile à la maison: on voit du positif partout!

Dose numéro 3: mon travail. Les premiers cours passés, on reprend ses marques et la confiance revient. Certaines choses ne sont pas encore solutionnées mais j’ai décidé de ne pas me laisser abattre. J’ai maintenant deux petits bouts que je ne veux pas décevoir. Si je ne suis pas la maman la plus présente, ca doit être pour réussir dans ce que j’entreprends. Le stress s’est transformé en force pour agir.

Dose numéro 4: ne plus faire de l’organisation l’unique sujet du couple. J’ai donc choisi le lâcher prise: j’ai par exemple laissé progressivement les rennes de la cuisine au lieu de vouloir tout gérer même quand je n’étais pas là. J’ai moins de gestion, moins d’attente, il a moins de pression, il est plus reconnu dans son rôle de père: tout le monde y gagne.

Rassurée, déchargée, j’ai repris mon souffle et l’année s’est lancée. La famille a pris un nouveau rythme qui n’est pas de tout repos mais dans lequel j’arrive à donner à chacun de l’attention, et dans lequel je me consacre du temps. J’ai pu retrouver mon corps, mon individualité, ma liberté de mouvement et de choix. Je me suis rappelée que pour mon équilibre (et uniquement le mien, pas celui de toutes les mères) ma place n’était pas qu’auprès de mes enfants. Encore une fois la fameuse question arrive :est-ce que je suis une mauvaise mère pour autant? Je ne pense pas, j’essaie de trouver du temps pour mes enfants en étant dédiée à eux quand je suis là. Est-ce que cela aurait pu se faire plus en douceur en repoussant l’échéance? Probablement pas. Je crois même que la repousser m’aurait rendu les choses encore plus impressionnantes. A chacune sa tactique.

Cela semble cool mais ça ne l’est pas tous les jours du tout. Et j’aimerais te partager ce que je me dis pour affronter ça. Tout d’abord l’important c’est la famille: eux, lui, toi, vous. Deuxièmement: tout passe: les phases difficiles avec les enfants, les soucis professionnels… la roue tourne, et vite si tu lui donnes un coup de main. Troisièmement, personne ne sait ce que tu dois vraiment affronter: ta situation, le caractère de tes enfants, tes propres démons… donc quand tu reçois des regards circonspects, des critiques, que tu culpabilises: tu continues à croire en tes décisions, en toi et tu ne douteras jamais du fait que tu fais le meilleur pour eux.

Une vie de yoga plus qu’une vie de yogi

Dernièrement, j’ai rencontré de nouveaux élèves tous plus étonnés les uns que les autres de mon mode de vie. Si l’attention portée à l’alimentation et les pratiques liées à l’ayurvéda par exemple ont une place importante dans mon quotidien, je reste « flexitarienne », ouverte aux apéros entre amis et aux bbq estivaux par exemple…

Ainsi, je ne peux pas, à la grande déception de certains semble-t-il être qualifiée de yogini. Si ma pratique et l’étude des asanas et pranayamas font partie de mon sadhana, je n’ai pas un l’engagement total qu’imaginent certains. L’ascétisme lié au yoga reste pour moi incompatible avec ma vie de mère de famille, de femme… en 2021 en France ( bien que le contexte sanitaire aurait pu m’y aider!)

« L’étude du yoga ne ressemble pas à la préparation d’un diplôme ou d’un grade universitaire que l’on désire obtenir dans un temps déterminé. » B.K.S.Iyengar, extrait de la Bible du yoga

Se sont ces remarques et cette citation de BKS Iyengar notamment qui me pousse aujourd’hui à faire un point sur mon sadhana, sur ce qu’implique la pratique du yoga et sur ce qui peut être attendu d’un yogini.

D’une part, j’ai poursuivi assez longtemps des études universitaires pour comprendre qu’il arrive un point où nous pouvons être considérés comme prêts pour un examen, un point où nous avons les connaissances requises. A contrario, le yoga qui explore à la fois les ressources du corps et de l’esprit est une pratique qui évolue chaque jour, selon chaque individu, qui le façonne et qui recouvre à chaque voyage une nouvelle réalité. Il n’ y a pas , au delà d’une terminologie et de conseils pratiques, une réalité commune de ce qu’est le yoga pour chaque personne. Il me semble essentiel de rappeler que nous sommes le pratiquant de yoga qui correspond à notre vie et notre personne à un moment sans besoin de répondre à des critères de bons ou de mauvais yoginis.

Les connaissances sont toujours à approfondir, l’apprentissage, la découverte de soi même à travers n’a pas de fin, n’a pas de but.

D’autre part, un point qui me semble essentiel pour avoir une pratique juste est directement liée à cette notion d’objectif qui n’existe pas. Les études classiques amènent à un diplôme qui est l’enjeu final tandis je n’ai pas pour ambition de répondre à toutes les critères décrits par BKS Iyengar pour être la meilleure étudiante de yoga dans les prochaines années, et je ne souhaite pas avoir su réaliser tous les asanas qu’il propose comme une performance physique. Par contre, je souhaite apprendre chaque jour comment adapter au mieux les asanas, les règles de vie dont il parle (niamas..) à ma personne selon mes possibilités, selon mon contexte à un instant T.

La découverte perpétuelle permise par le yoga est une stimulation à la fois intellectuelle, spirituelle et physique incroyable qui en font une pratique de toute une vie. Ma vie tourne autour du yoga mais le yoga ne dirige pas ma vie.

Ainsi, si le yoga a une place prépondérante dans ma vie, chacun de mes comportement n’émane pourtant pas directement de sa philosophie. Ma vie de française en 2021 ne semble honnêtement pas compatible si je veux rester connectée à mon environnement et mon époque. En fait, il me semble nécessaire de replacer un terme dans son contexte pour en comprendre tous les tenants et les aboutissants. Sans chercher à obtenir une étiquette que ce soit celle de yogini ou autre, il serait peut être pertinent de souligner qu’un engagement honnête doit être adapté à son temps et son époque à moins de devenir ermite ou isolée. Le contexte n’est pas une excuse mais un moyen d’élargir le spectre des définitions et de permettre à plus de personnes de se retrouver dans des règles yogiques sans les percevoir comme inaccessibles et de là décourageantes.

Comme chaque personne peut être dit « cuisinier » ( que ce soit juste pour recevoir, dans son restaurant ou au quotidien à la maison) ou « joueur de tennis » ( que ce soit à toutes les vacance, que le dimanche, ou 3 fois par semaine), tout le monde a le droit de se dire pratiquant de yoga s’il est honnête avec lui même, respectueux et impliqué dans sa pratique.

Alors si je n’ai pas la vie d’une yogini, si je n’ai pas le mode de vie idéal, je continue à ne pas avoir une vie à la mode des pratiquants de yoga mais une vie de yoga adaptée à moi. J’aimerais de tout coeur qu’aucune étiquette ne soit donnée alors que cette pratique apprend à accepter ce qui vient à l’instant présent sans se projeter, exige de soi-même sans s’exclure en cas de manquement.

L’idéal du yogini est aujourd’hui galvaudée et abîmée. C’est un processus personnel qui me peut nous porter loin sur le chemin de la connaissance de soi mais qui ne permettra jamais d’accrocher un trophée de plus à son mur.

Travail sans fin, apprentissage sans relâche, abnégation perpétuelle, la yoga est une voie qui me façonne plus qu’elle ne me définit.

« Le yoga est presque toujours considéré comme une philosophie ou une voie, mais très peu de gens savent que le yoga est aussi un art. Aucun artiste ne peut définir son art : seul l’art lui-même – et non les mots – peut exprimer la nature de l’art. » B.K.S Iyengar, extrait de l’Arbre du Yoga.

 « À nouveau, je citerai mon grand-père. Il a dit un jour que la vie était comme l’Amazone. Tout comme le fleuve, elle s’écoule avec force et dynamisme. On doit vivre sa vie de cette façon. Pour moi, cela résume parfaitement le yoga. Oui, le yoga vous donne la santé physique et mentale ; oui, il fait naître en vous la spiritualité et les principes philosophiques ; mais il doit aussi faire de vous un être joyeux. Il doit faire de vous un être humain capable d’accepter et partager la joie. Car le yoga ne signifie pas l’isolement et le renoncement. C’est ce que mon grand-père a montré. Car bien qu’on lui ait offert le titre de sannyasin et qu’on lui ait conseillé d’aller dans l’Himalaya, de pratiquer tapas et de renoncer à la vie de ce monde, il a dit non. Pour lui, la vie ça voulait dire vivre. En un mot, je dirais que l’on doit aussi voir cet aspect dans le Yoga IYENGAR®. Oui, il y a beaucoup de discipline, d’acuité et d’introspection, mais il y a aussi la joie. Si tous ces aspects sont réunis, alors l’apprentissage est équilibré. » Abhijata Iyengar, https://www.afyi.fr/Abhijata-Iyengar-Le-yoga-doit-faire-de-nous-des-etres-joyeux.html

Les 21 premiers jours d’une nouvelle vie

« Garder au minimum une position allongée pendant 21 jours » pour que son post-partum soit vécu avec douceur et que son corps se remette à son rythme. Voilà ce qui est recommandé dans de nombreuses traditions jusqu’aux références plus modernes telles que le docteur Bernadette de Gasquet ou xxx dans le mois d’Or.

Je m’étais dis, comme je le contais dans un précédent article, que je souhaitais prendre plus le temps et être plus respectueuse des besoins physiologiques profonds au lieu de répondre à mes envies de mouvements. C’est donc ce que j’ai fais pour ce deuxième post partum.

D’abord 5 jours complètement alitée à la maternité. Quelques levés pour la douche, pour un bain de bébé et quelques couches étaient mes seuls écarts. Coincée dans sa chambre de maternité, il est assez facile de se restreindre à son lit dans ces conditions, surtout quand les douleurs sont encore là.

Mais progressivement, des sensations d’engourdissement se font sentir, l’immobilisme pèse, la fonte musculaire et l’apparition de mollet de grenouille malmènent le moral et font cause commune avec la chute hormonale du post partum, l’envie de se prendre une petite dose d’adrénaline sportive se fait de plus en plus grande.

Enfin, là c’est la phase où le tour du pâté de maison reste encore du domaine de la grosse sortie !

Et de retour à la maison, les choses se corsent.

Dur pour le plus grand de me voir immobilisée, avec temps de difficultés pour me déplacer, avec des refus systématiques à chaque proposition de sortie… puis ne rien faire chez soi, se priver d’une minuscule autonomie possible pour continuer à se protéger, tout ça es respecté de plus en plus difficilement.

Ca commence par vouloir ranger ses affaires de maternité, installer son cocon pour allaiter dans de bonnes conditions; puis quelques jours plus tard il devient trop tentant de se faire son pti dej tranquillement car l’assistanat c’est parfois compliqué à accepter, puis accorder un 1er moment de jeu en tête avec le plus grand car vous êtes tous les deux en manque; puis il fait beau alors il semble nécessaire de faire un petit tour dans de jardin, et puis voilà je peux biens ramasser ça, oh juste lancer une machine je ne l’étendrais pas…

Consciente du risque de me laisser dépasser par cette envie d’agir, je me donnais une heure chaque matin pour être un peu plus active chaque jour, tout en privilégiant le repos: si je cuisinais un peu c’était assises, la douche assise, je me forçais à avoir les jambes en hauteur pour la circulation plusieurs heures par jour… j’ai fais mieux et je prends même la liberté de me féliciter d’avoir su être mesurée et d’avoir passé le minimum de temps debout.

Et la réalité nous rattrape pour nous rappeler que notre vie n’est pas adaptée à un postpartum « traditionnel ». Pourtant,

Réflexion: quand papa prend les commandes…!?*

Alors qu’on continue à se battre pour faire reconnaître les difficultés du post-partum et de façon plus large, celles des enjeux périnataux pour les jeunes parents; alors qu’on parle des 1000 jours et de ce congé maternité absurdement cours, une victoire va arriver: celle du congé paternité rallongé dès le 1er juillet 2021 (il passe de 11 ou 18, à 25 ou 32 jours calendaires selon les situations).

Alors que toutes les futures mamans se réjouissent d’avoir un papa plus présent dès le début de cette nouvelle vie, j’ai été atterrée d’entendre ma propre moitié me dire avec la plus grande simplicité « moi je ne pourrais pas prendre un congé aussi long ».

Après avoir sagement déglutie, et être passée par le rouge puis le blanc, j’ai cherché le sens de cette phrase. Plusieurs solutions: 1/ il pense qu’il est indispensable au travail versus des femmes à des postes de responsabilités 2/ il ne peut pas envisager pouponner pendant tout ce temps, à plein temps car il n’éprouve pas d’intérêt personnel 3/ il n’a pas bien écouté la question et a répondu trop vite.

Malheureusement, il n’a pas choisi la réponse espérée. Difficile de croire que le papa de mes propres enfants ne peut pas concevoir la nécessité de ce congé pour des raisons professionnelles. Ainsi, nous sommes loin de l’enthousiasme total des premiers concernés qui se retrouvent plutôt coincés entre une opportunité légale réclamée et acclamée par leur femme, et une preuve supplémentaire de la triste réalité d’ une société qui (majoritairement) ne voit pas ce congé comme une nécessité sociale, familiale, humaine.

Pourquoi ai-je tant de mal à lui comprendre cette réaction? Ne fait-il pas partie de la nouvelle génération de papas? N’ai je pas assez crier haut et fort qu’il était le meilleur papa du monde: dévoué, disponible, appliqué?!

Je voies aussi auprès de mes élèves de yoga pré et postnatal des papas soucieux, présents, prévenants et impliqués. Pas plus tard qu’hier, je discute avec mon frère, jeune papa. Biberons, couches, bains, nuits complètes, sorties, massages, moments d’éveils, discours de réassurance pour son bébé, besoin de savoir, de comprendre et d’être nourris d’expérience et de conseils: une bouffée de fierté m’a envahie! Mon frère est un super papa, et surtout encore une preuve: il n’y a aucune différence entre ce qu’une mère peut faire en sortie de maternité versus un père. Ils peuvent, ils savent, ils sont capables.

Mais la capacité semble généralement impliquée par la nécessité. Le relais de cette prise en charge intervient souvent quand la maman a déjà fait tout ce qu’elle pouvait avant de se retrouver épuisée, qu’elle est en dépression post-partum ou hospitalisée pour des soins médicaux. Le soutien des papas est désormais une évidence, ils participent naturellement. Mais dans combien de générations ils auront des comportements proactifs (sans contexte d’urgence) et non réactifs?

Papa peut gérer quand on lui demande (oui surtout quand il y a des to do list affichées partout dans la maison). Mais quand est-ce que papa va demander lui même de prendre les commandes? Comment amener la nécessité de ce congé paternité comme une évidence?

Comme il faut bien commencer quelque part, je jette quelques idées à explorer:

  • Pourrait-on imaginer une préparation prénatal pour les pères ?
    • comment s’occuper d’un bébé qui vient de naître (biberon, couche, l’habiller, le bercer… des choses simples que beaucoup n’ont jamais pratiqué sur des poupons, ce qui en fait des gestes non naturels), comprendre sa physiologie et ses besoins (pourquoi un bébé pleure, comment savoir si c ‘est de la faim…) Tout cela est aperçu « rapido presto » à la maternité alors que les émotions et la fatigue emportent déjà tout sur leurs passages…
    • comment s’occuper d’une maman qui vient d’accoucher (pourquoi elle doit être alitée au moins la 1ere semaine, que lui proposer à manger, comprendre ses pleurs et le baby blues, détecter la dépression post partum…), gérer ses propres émotions de papa…
  • Pourrait-on imaginer un suivi en post partum: c’est après avoir écouter le podcast du 2 avril 2021 de la Matrescence sur le burn out parental qu’il m’est apparu nécessaire d’en parler. Statistiquement, moins de pères font l’objet de burn out car ils sont soumis à moins de facteurs de stress relatifs à la prise en charge de leur bébé voir l’éducation de leur enfant dans sa globalité. Pourtant, Isabelle Roskam, professeur de psychologie et chercheuse souligne bien que les papas sont plus sujets que les mamans au burn out dans le sens où ils supportent moins de facteurs stressants que la maman si on observe leur balance « facteurs de stress et facteurs apaisants ». Ainsi, un soutien du père, à la fois en tant que père et en tant qu’homme (impact sur le couple, au travail, exploration de la relation avec son enfant..), au même titre que le suivi de la mère en tant que maman et femme ( soin de suites de couches, suivi psychologique, rééducation périnéale…) permettrait de mettre à égalité le père et la mère dans leur implication et dans le soutien qu’ils reçoivent pour y répondre.
  • Dans une perspective moins légale mais plus pratique, devrions-nous, futures/jeunes mamans, apprendre à laisser plus de place au papa? Parfois les papas montrent du désintérêt, souvent la situation liée au congé maternité/à la gestation/aux modèles sociaux invite la maman à prendre la situation en main. Mais de plus en plus, on peut aussi entendre le témoignages de papas qui aimeraient en savoir plus, en faire plus. Des papas concernés par toute la charge mentale impliquée par l’arrivée d’un bébé décontenancent parfois plus la mère qu’autre chose. Déstabilisée par le désir d’implication du papa, il peut être difficile de faire une place au co-parent et c’est pourtant la 1ere clef afin de changer les modèles et les encourager à continuer. Au quotidien, accepter que l’autre face à sa manière est un challenge pour la jeune mère mais c’est apporter un équilibre au foyer dans la durée. Il faut que nous leur donnions notre confiance, que nous partagions nos savoirs et connaissances pour faire de ces Papas des exemples de ce que peut être une paternité active et épanouie. Confions leur le bébé dès le début, laissons les décider du repas, les habiller, les bercer, les réconforter… offrons nous l’espace de répits dont nous avons besoin pour que dès le début!

Ô toi jeune papa je te salue et te félicite car quoi que tu penses de ce contenu, tu es bien en avance sur ton temps si tu as pris le temps de lire ces quelques lignes ! Bravo pour tout ce que tu fais et que nos anciens ne faisaient pas! Penses maintenant à tout ce que les prochains feront: on peut encore améliorer cette formidable aventure de la parentalité !

*Ce texte a été écrit dans un contexte français, en généralisant des faits pour rester significatif à la majorité.

D’un post partum à l’autre

Selon wikipedia, la période du postpartum (ou puerpéralité, ou suite de couches) s’étend de la fin de l’accouchement jusqu’au retour de couches, c’est-à-dire les premières règles après la grossesse. »

J’ai juste envie de rire très fort en lisant cela, très très très fort. Certainement pour ne pas pleurer pleurer ou m’énerver encore plus fort: les auteurs de cette phrase sont tellement hors de toute réalité. Je pensais vraiment que ce n’était plus un secret pour personne! Le post partum c’est une période éprouvante physiquement, mais aussi mentalement, psychologiquement; pour soi, pour le couple, pour toute la famille. Et c’est une période qui peut être tellement longue, à compter en semaines, mois…voire plus. Qui pense encore qu’on ressort dans petit pantalon serré comme une fleur prête à aller faire la tournée des popotes!? Même sans avoir d’enfants, il n’est pas compliqué d’imaginer le chamboulement global que cela amène pour une femme, pour un foyer…

Me voilà aujourd’hui une fervente militante du changement qui doit être opéré pour accompagner cette phase de vie (concernant le soutien à apporter aux parents, l’aide proposée à la maman…)! Pourtant, je ne garde personnellement aucune image difficile de mon 1er post partum, aucun souvenir de déprime ou de fatigue extrême, de moi en pyjama à 18h complètement désabusée…

Mais quand même! Plus de 2 ans après, j’ai encore ce goût d’abandon de toute la sphère médicale qui par contre, nous étouffe presque pour préparer un évènement assez naturel; je me souviens bien d’un gap entre moi, ma nouvelle réalité et les commentaires d’un entourage qui soit n’a jamais été confronté, soit à déjà tout oublié, mais qui en gros n’a pas conscience de ce qui se passe à l’occasion de ce changement de vie …

Au regard de nombreux témoignages, je ne peux pas dire que ce fut dur alors je n’ose imaginer le ressentiment des mamans complètement esseulées, avec des bébés qui ont des soucis de santé, des mamans qui elles-mêmes auraient des séquelles physiques ou morales, des couples fragilisés… Certaines circonstances auraient pu me rendre les choses assez difficiles: un accouchement qui a duré 4 jours entre l’entrée à la maternité et la césarienne code rouge (cela a été un peu traumatisant certes mais je ne l’échangerais pour rien au monde!); être en plein déménagement (le papa a signé notre nouvelle maison pendant que j’étais à la maternité sans que je puisse la voir), voir le papa retourner au travail à la sortie de la maternité… Bref, ce n’était pas un conte de fées mais c’était bien à l’image de notre vie et on y a trouvé notre compte.

J’ai compris après qu’un élément essentiel m’a permis de bien vivre ce post partum. Ca me semble tellement évident maintenant… c’est la présence et le soutient sans failles de ma mère. Je n’avais pas conscience de la chance de l’avoir complètement disponible et tout près de chez moi. Pas envahissante, disponible: c’est la nuance qui change tout. Elle pouvait arriver en 10 min avec un repas, ou pour bercer bébé 1h, ou simplement pour me rassurer… le simple fait de se savoir entourée et soutenue était déjà bien apaisant.

Toujours est-il que, même dans ces conditions dont je garde un souvenir positif et heureux ( ce qui ne veut pas dire facile et sans pleurs), je n’ai pas du tout eu l’impression de me remettre de cette grossesse et de cet accouchement dans le laps de temps défini par le terme de « post partum » au sens couramment employé.

Il y a une autre phrase que je trouve, elle, beaucoup plus réaliste « il faut 9 mois pour le faire, 9 mois pour le défaire ». Je dirais même qu’en partant du principe que faire un bébé commence avant le 1er jour de la grossesse (prise de décision, PMA, fausse couche…), cela peut prendre plus de 9 mois. Personnellement, je sais aujourd’hui que cela m’a pris plus de 9 mois…

Que certaines mamans « se remettent vite » physiquement, cela existe évidemment. Mais le chamboulement qui suit une grossesse est bien plus qu’une histoire de retour de cycle menstruel, j’en suis plus qu’intimement convaincue et j’ose affirmer que je partage cela avec beaucoup de mamans et papas… Et je me demande aujourd’hui, plus consciente de cette réalité, comment je vais gérer celui du numéro 2…

D’abord car le post partum est une période où les changements physiques vers un « retour » (jamais total soyons bien clairs!) à une situation antérieure sont nombreux et perdurent après le quatrième trimestre. Allaitante ou pas, renouer avec son corps en tant qu’individu puis en tant que femme, retrouver ses aptitudes physiques pour les sportives, ses sensations au quotidien et dans l’intimité… nécessitent plus qu’un trimestre et une simple validation médicale concernant l’état de notre périnée. Même s’il est essentiel, notre corps ne se limite pas à notre périnée (et heureusement!).

Ensuite car c’est aussi un gros bouleversement moral/psychologique…: j’ai plané au moins les 5 premiers mois, toujours un peu dans la lune, tiraillée entre un footing et une montée de lait, à fond dans le travail et le coeur déchiré de le savoir si jeune loin de moi, endormie à 20H coupable de ne plus avoir de temps avec le papa… bref heureuse mais jamais sereine, fatiguée mais toujours à fond face à ce petit bonheur…

J’ai réalisé avec le recul que je n’avais pas compris que de tels changements avaient lieu, que j’aurais dû prendre plus de temps pour plein de choses… Je me suis tellement demandée d’avancer en pensant que c’était bien ainsi (c’était normal vu que tout semblait devoir être organisé dans ce timing…!) que j’ai renié trop longtemps les blessures qui s’accumulaient… C’est plus d’un an après que j’ai consulté pour accepter l’accouchement sans culpabiliser et me dévaloriser, pour aimer cet accouchement et mon histoire, pour réajuster les séquelles physiques qui n’avaient pas été relevées comme essentielles mais qui gâchaient mon quotidien de sportive par exemple…

Cette 1ere expérience m’a amené à me lancer à « corps perdus » dans des lectures, des partages pour comprendre pourquoi nous en sommes encore là, si mal préparées et entourée… J’ai donc lu, appris, que ce soient de lectures scientifiques, engagées ou via des témoignages d’auteurs internationaux, j’ai découvert la réalité des traditions africaines ou indiennes, de ce qui est mis en place au Québec ou dans certains pays d’Europe du nord pour réaliser qu’une redéfinition du 4ième trimestre et du post partum sont nécessaires en France.

Et c’est donc avec un état d’esprit tout à fait différent que je repense maintenant à cette période de ma vie et que j’envisage le post partum #2 à venir. Il est bien clair dans ma tête, à voir bien sûr avec la mise en pratique, que je ne précipiterais rien. Pour m’aider à faire cela, je me suis même constituer une petite liste de choses à faire et ne pas faire à consulter en cas d’hésitation !

Je garderais sous la main des ouvrages pratiques comme celui du Docteur Bernadette de Gasquet :Tout ( ou presque) se joue avant 6 semaines; puis Yoga, le Joyau de la Femme de Geeta Iyengar pour reprendre une pratique de yoga plus progressive… Je ne suivrais pas de programme à la lettre mais des livres comme le Mois d’Or de C.Chadelat et M.Mahé-Poulin permettent de se remettre des choses en tête avant d’avoir la tête qui déborde !

Au-delà de ces références, j’essaierais surtout d’écouter les besoins de la famille: du petit, du grand et du papa, de m’écouter moi ( corps et esprit) dans la douceur. Le post partum#1 a vraiment été celui de la découverte où je me suis laissée porter, et cela s’est bien passé. Mais à l’approche du deuxième, mes connaissances s’étant élargies, et avec la charge d’un 1er que je ne veux délaisser, l’appréhension se fait sentir. Même si tout se déroule de manière aussi fluide que la 1ere fois, ce sera sans la même innocence, avec plus de conscience des enjeux « de prendre son temps, sur un temps long« . C’est vraiment cela, la principale chose que je retiens: se protéger plusieurs mois et non pas dès que l’impression de retour à la normale apparait, que le médecin dit « Go », et que le travail reprend. La réhabilitation est bien plus sous-terraine et personnelle que ca.

Et c’est aussi pour cela que je veux me battre aujourd’hui. Aider les mamans, alerter l’opinion, faire bouger les consciences et déclencher des actions.

1 post partum pour réaliser, 1 deuxième pour agir? C’est peut être cela mon changement à moi. J’ai eu l’impression de renaître à la naissance de mon 1er enfant et il est souvent dit que devenir mère déclenche des changements de voies, d’envies… S’il est vrai que le 1er a déclenché bien des choses, il m’en faudra peut être un 2ième pour en faire aboutir d’autres…

Est-ce que chez vous aussi cette période a changé votre vision sur plein de choses? Vos envies? Vos réalités ? Avez-vous changé des choses pour le post partum #2? J’aimerais bien savoir comment vous avez réussi à faire vivre vos nouvelles convictions…?

Repos et Sadhana

Sadhana se traduit littéralement par « le moyen d’accomplir quelque chose ». Il s’agit d’avoir une pratique régulière, une habitude de vie, pour en apprendre quelque chose chaque jour. Elle est habituellement présentée comme un moyen de dompter son ego et d’intégrer des habitudes de vie plus saines, souvent liées à une pratique spirituelle.

En yoga, il s’agit d’une pratique quotidienne, idéalement réalisée aux toutes premières heures de la journée, avant même le lever du soleil pour développer sons système sensoriel. Pour moi, il s’agit de suivre quelques rituels ayurvédiques, puis d’éveiller mon corps et mon mental à travers asanas, pranayamas et méditation. Enfin, ça c’est le plan de base…!

Depuis plusieurs années, 97% de mes matinées sont rythmées par cette Sadhana. Elle m’apporte bien-être, douceur et confiance envers moi-même comme envers mes proches, une reconnaissance envers mon corps, et envers mon mari qui a accepté de ne plus râler en me voyant me lever avant l’aube, sans différence de jour et de week-end… C’est une bulle d’intimité qui permet de me connecter à moi-même avant le tumulte de la journée qui grignote souvent les projets de pratique de fin de journée. Le matin quand la maison est endormie, c’est un plaisir de profiter de ce calme, de cette ambiance si particulière où tout est encore possible, tout est encore à faire. J’ai comme l’impression d’avoir une longueur d’avance sur ma journée que je pourrais accomplir sereine et bien ancrée.

Cependant, le plan idéal est rarement en adéquation avec la réalité. Cette Sadhana est souvent précipitée et tous les objectifs que je me suis fixés ne sont pas atteints. La Sadhana complète serait d’avoir une pratique lente du plan de base puis d’y ajouter autre chose, comme un temps d’écriture par exemple, ce qui n’est possible que rarement, lors de certaines les vacances…

Ce rituel ne recouvre donc pas chaque matin la même saveur et la même profondeur mais à chaque fois, je m’efforce d’y trouver assez de ressources pour m’équilibrer et amorcer une bonne journée. Mais c’est aussi là, que souvent, l’exigence, un peu trop forte envers moi-même se développe, l’insatisfaction s’installe et l’auto-critique trouve ses racines pour la journée. Ma Sadhana peut ainsi tout changer: mon énergie, mon humeur, mes croyances en moi et envers le monde dans lequel je vais passer ma journée…

Elle est à tel point devenu un rituel, essentielle que m’en défaire est devenu compliqué. Pourtant je ne cesse de me poser ces 3 questions qui tournent toutes autour de la notion de changement et de son acceptation:

  • Comment ne pas tomber dans une routine et savoir répondre au besoin présent de son corps et de son esprit, sans craindre de ne pas faire aussi bien que la veille ?
  • Comment accepter de ne pas pouvoir la suivre certains jours quand c’est imposé par des circonstances de la vie?
  • Comment suspendre ce rituel de façon délibérée et joyeuse?

Alors que la définition même de Sadhana implique une attention quotidienne, comment accepter et intégrer la coupure nécessaire? Si les occasions de besoin de sommeil, de vacances, et surtout de voyages sont des moments parfaits pour sortir de ce rythme, ils sont imposés à nous. Les accepter en revient à faire preuve de sagesse et d’acceptation, ce n’est pas un choix propre et surtout c’est ponctuel.

Le changement durable qui m’apparaît nécessaire aujourd’hui est la conséquence de l’entrée dans mon 9ieme mois de grossesse, avant l’arrivée de mon 2ième enfant. Toutes les grossesses sont différentes et je dois bien accepter aujourd’hui que la fatigue s’est installée, les siestes ne sont plus un luxe pour arriver au bout de la journée avec enfant n°1 plein d’énergie! Ainsi, les pratiques matinales sont plus difficiles, moins longues et plus méditatives, voire (rarement) absentes. Ce changement est une conséquence à la fois imposée: mon corps subit les effets de la fin de grossesse; et décidée: je souhaite profiter de cet appel au repos et accueillir mon numéro 2 en forme. Et je sais que cette mise entre parenthèses n’est qu’une préparation aux prochains mois…Mais comment appréhender ma Sadhana sans régularité et avec un processus incomplet?

Tout d’abord, je me rappelle que déjà dans le mois, les femmes ont une pratique évolutive selon leur cycle. Puis, je réalise aussi que cela fait 9 mois que ma pratique d’asanas et pranayamas change, s’adoucit. Enfin, je me remémore chaque jour que tout est impermanence et qu’il faut savoir accepter ce qui vient pour trouver en toute chose ce qui est positif pour moi.

Ainsi, je comprends que cette maternité est un nouvel appel à décrocher d’une Sadhana peut-être trop stricte, qui appelle à plus de flexibilité. Cela est un appel à mieux faire parler mes sensations et émotions pour moins appliquer le rituel qui, avec l’habitude, perd sa puissance.

Je pense que nous sommes plusieurs à nous laisser vite envahir par la culpabilité de ne pas bien faire, assez faire, faire aussi bien qu’hier et moins bien que demain… pourtant la vie me ramène incessamment à cela: s’aimer et faire de son mieux, tout simplement.

Alors ma Sadhana perd sa régularité mais elle change en fait de profondeur, m’en éloigner me permet de la redécouvrir et de la faire évoluer. Le repos ne m’apparaît pas comme une antithèse, bien au contraire, pour moi il en fait partie; il nourrit ma Sadhana et j’en sors grandit.

Chaque jour je la construis et recherche à la faire évoluer avec moi. Chaque fois, je m’auto rassure dans ma sempiternelle auto critique pour être plus conciliante avec moi-même. Aujourd’hui, je me demande ce qu’il se passe dans l’intimité matinale d’autres yoginis. J’aimerais savoir si d’autres s’évaluent sans cesse comme cela? Si mon progrès est surtout à faire sur le détachement, le relativisme et le contentement?

Avril : derniers cours avant les retrouvailles de septembre

Les cours en ligne continuent jusqu’au 30 Avril en ligne avant une pause consacrée à l’arrivée de mon numéro 2!

D’ici là, retrouvez moi en ligne avec un planning allégé de cours collectifs:

  • Lundi: 10h- 11h30: Iyengar Base 1 / 11h45-12h45: postnatal
  • Mardi: 11h-12h30: Iyengar Yoga doux
  • Jeudi: 10h45- 12h15: Iyengar Base 1 & 2
  • Vendredi: 8h45-9h45: Pilates

Et n’hésitez pas à me contacter pour une séance de yoga prénatal !

ATELIER DU 14 FEVRIER – Spécial chakra du coeur

A l’occasion de la saint Valentin, pourquoi ne pas inviter votre moitié à découvrir votre univers et la pratique du yoga ! Pratique douce adaptée à tous les niveaux .Ce sera notamment l’occasion d’explorer l’espace du coeur, le chakra Anahata qui se rapporte à l’amour et à la joie.

Pratiquez ensemble et mettez la générosité et l’affection au coeur de votre journée.


25 euros l’atelier
40 euros si vous venez en couple.

Me contacter pour s’inscrire

Semaine exceptionnelle à partir du 25 janvier !

COURS SUPPLEMENTAIRES CETTE SEMAINE!!!
En remplacement de Véronika du centre Iyengar de Bayonne, je dispenserais en ligne des cours supplémentaires matin et soir du lundi au vendredi.
Voici les détails de tous les cours Iyengar de la semaine:

Lundi: 3 cours
10H-11H30: Base 1
12H15-13H45: Base 2&3
18H30-19H15: Base 1

Mardi: 3 cours
Base 2&3: 9H15-10H45
Yoga Doux: 11H-12H30
Base 2: 18H30-20H

Mercredi: 1 cours
Base 1&2: 19H30-20H15

Jeudi: 2 cours
Base 1&2 : 10H45-12H15
Restauratif: 19H30-21H

Vendredi: 1 cours
Restauratif: 10H00-11H30

Contactez moi pour plus d’infos !