2ième rentrée postpartum

« Ca y est, c’est la rentrée.

Ca y est, il va chez la nounou et il boit mon lait au biberon.

Ca y est, le premier est rentré à l’école maternelle. »

Elle me paraissait loin, lointaine, conceptuelle… puis elle a fini par arriver avant que je n’ai eu le temps de m’en rendre compte. Je n’ai pas exercé d’activité professionnelle pendant exactement 3 mois et demi. Un luxe inespéré pour certaines, une folie pour d’autres, et beaucoup d’autres encore qui se disent, en me voyant 1 heure de temps en temps, que quand même, je semble assez  » normale » pour reprendre, il était temps…

[Normale = je n’ai plus le gros ventre car le bébé est dehors; ma fatigue ne se voit pas assez dans mes yeux contrairement à mes nerfs qui ont parfois envie d’hurler; j’avais du mal à raconter mes journées « creuses » car pas mal rythmées par les tétées et les couches qui semblent…]

Pour ce deuxième opus dans ma vie de maman, je me suis dis que je prendrais mon temps et que je profiterais de mon bébé plus longtemps que pour le 1er. Puis les choses se sont enchaînées naturellement pour reprendre de nouveau vers 3 mois 1/2: un moment qui coïncide avec la fin de l’été, qui correspond à la fin d’une activité professionnelle confinée, qui me permet d’embarquer avec l’énergie de tout mon entourage pour la rentrée, après 3 mois 1/2 qui sont assez longs pour risquer de se faire oublier professionnellement dans mon cas… Finalement, je n’ai pas profité à plein temps de mon bébé si longtemps. Mais est-ce si grave? Je suis une mauvaise mère?

Si cette question me taraudait déjà pour le premier, elle est encore plus présente pour le 2ième, maintenant que j’ai fais l’expérience du  » ils grandissent trop vite il faut profiter » que toute maman s’est vu répéter des dizaines/centaines de fois.

Malgré cela, j’ai aussi vécu cette rentrée avec un sentiment de nécessité.

Une nécessité financière certes, mais une nécessité aussi personnelle. Dès le début, une sensation d’émancipation très agréable m’a accompagnée au quotidien. Une sensation de liberté voir d’indépendance que j’ai aimé retrouver, je l’avoue sans (presque aucun) complexe. Les mois d’été, très bien entourée il est vrai, avec 2 enfants ont éveillé en mois le besoin de renouer avec mon corps, avec des adultes, avec l’extérieur plus que pour le premier. Vivre l’été au calme avec un bébé, c’est doux, c’est chouette, mais ça donne aussi l’impression qu’on vit isolée. J’ai donc décidé de surfer sur la vague de la rentrée.

Wahoo mais quel stress! Avec deux enfants de 2 ans et demi d’écarts, je réalise vite que ce n’est pas la même histoire: gérer les 1eres fois des enfants dans de nouveaux environnements, la séparation physique réelle et non plus fantasmée avec son bébé, le retour à son travail… Je pensais que le retour à un équilibre enfants/travail/vie d’individu serait moins intense.

Dose de stress numéro 1. J’ai la chance de très bien connaître ma nounou et de lui donner toute ma confiance puisque c’était celle du 1er. Je n’ai pas douté un seul instant que cela se passerait très bien, j’ai donc évité une certaine dose de stress liée à l’inconnu. J’avais même pris les devants en m’absentant pendant 2 jours la semaine d’avant pour faire nous préparer, ou plutôt me préparer et tester mon organisation…J’ai quand même culpabilisé, en pensant qu’il m’en voudrait, déchargerait en fin de journée, qu’il se sentirait abandonné, que je devais être une mauvaise mère pour le laisser si tôt. Le stress inhérent à cette situation s’est révélé bien présent même si je pensais ne pas trop mal gérer la situation.

Dose de stress numéro 2. J’avais une partie une mon esprit bien préoccupée par la rentrée du plus grand en petite section de maternelle: Va-t-il s’y plaire? Aura-t-il des copains/copines? Va t-on être assez doux avec lui s’il y a un accident de pipi? Que va t-il manger? Je n’allais rien connaître de ses journées désormais alors que j’avais tout les détails avec des photos quotidiennes…

Dose de stress numéro 3.J’ai aussi dû dédier une partie de mon cerveau à mon activité professionnelle. Plusieurs bâtons se sont mis dans mes roues pour la rendre assez chaotique, voire décourageante. Je me disais même parfois que c’était le destin qui m’indiquait de ne pas reprendre finalement.

Dose de stress numéro 4. La vie de couple mise à l’épreuve, qui manque tout simplement de temps pour exister.

En gros, dans ma tête, c’était pas simple et j’étais plutôt super inquiète sur tous les sujets ! J’ai passé les premières semaines avec une casquette de chef d’opération commando pas très drôle: les sacs des petits; tirer son lait le maintenir au frais et penser à ce que la nounou en ait assez; organiser mon travail/mes journées/mes élèves perdus-à confirmer- à trouver; gérer la maison et penser aux diners auxquels je n’assiste plus que rarement… Bref la « to do » ne se réduisait pas, le stress non plus; j’ai vraiment eu l’impression de passer ces premières semaines en apnée.

Mon diaphragme s’est bloqué: signe qu’il fallait réagir, c’est-à-dire réduire les doses de stress.

Dose 1: relativiser et déculpabiliser pour son bébé laissé chez la nounou. Absente très souvent tout ou partie du week-end, je le récupère en milieu d’après midi 2J/semaine et le garde tout le mercredi: ce n’est pas si mal. Le lait coule toujours malgré la reprise du travail et la gestion serrée des tirages et mises au frais: il peut donc manger à sa faim, et reste souriant le matin et le soir. Cela a même permis d’avoir une vision claire des besoins en lait. La culpabilité de maman qui ne partira jamais vraiment s’est vue compensée par la joie de le voir s’éveiller avec d’autres personnes que moi. Je me répète qu’on doit leur apprendre à voler, pas à rester au nid pour me rassurer. Je réalise aussi que c’est le fait d’avoir l’esprit préoccupé par deux enfants qui m’a permis de ne pas trop m’appesantir sur cette séparation; j’avais presque trop à faire pour commencer à ajouter des noeuds dans ma tête !

Dose numéro 2: la rentrée du grand. Il semble adorer l’école et s’épanouie: soulagement. Et si je doute qu’il fasse des repas complets, cela le rend moins difficile à la maison: on voit du positif partout!

Dose numéro 3: mon travail. Les premiers cours passés, on reprend ses marques et la confiance revient. Certaines choses ne sont pas encore solutionnées mais j’ai décidé de ne pas me laisser abattre. J’ai maintenant deux petits bouts que je ne veux pas décevoir. Si je ne suis pas la maman la plus présente, ca doit être pour réussir dans ce que j’entreprends. Le stress s’est transformé en force pour agir.

Dose numéro 4: ne plus faire de l’organisation l’unique sujet du couple. J’ai donc choisi le lâcher prise: j’ai par exemple laissé progressivement les rennes de la cuisine au lieu de vouloir tout gérer même quand je n’étais pas là. J’ai moins de gestion, moins d’attente, il a moins de pression, il est plus reconnu dans son rôle de père: tout le monde y gagne.

Rassurée, déchargée, j’ai repris mon souffle et l’année s’est lancée. La famille a pris un nouveau rythme qui n’est pas de tout repos mais dans lequel j’arrive à donner à chacun de l’attention, et dans lequel je me consacre du temps. J’ai pu retrouver mon corps, mon individualité, ma liberté de mouvement et de choix. Je me suis rappelée que pour mon équilibre (et uniquement le mien, pas celui de toutes les mères) ma place n’était pas qu’auprès de mes enfants. Encore une fois la fameuse question arrive :est-ce que je suis une mauvaise mère pour autant? Je ne pense pas, j’essaie de trouver du temps pour mes enfants en étant dédiée à eux quand je suis là. Est-ce que cela aurait pu se faire plus en douceur en repoussant l’échéance? Probablement pas. Je crois même que la repousser m’aurait rendu les choses encore plus impressionnantes. A chacune sa tactique.

Cela semble cool mais ça ne l’est pas tous les jours du tout. Et j’aimerais te partager ce que je me dis pour affronter ça. Tout d’abord l’important c’est la famille: eux, lui, toi, vous. Deuxièmement: tout passe: les phases difficiles avec les enfants, les soucis professionnels… la roue tourne, et vite si tu lui donnes un coup de main. Troisièmement, personne ne sait ce que tu dois vraiment affronter: ta situation, le caractère de tes enfants, tes propres démons… donc quand tu reçois des regards circonspects, des critiques, que tu culpabilises: tu continues à croire en tes décisions, en toi et tu ne douteras jamais du fait que tu fais le meilleur pour eux.

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