Selon wikipedia, la période du post–partum (ou puerpéralité, ou suite de couches) s’étend de la fin de l’accouchement jusqu’au retour de couches, c’est-à-dire les premières règles après la grossesse. »
J’ai juste envie de rire très fort en lisant cela, très très très fort. Certainement pour ne pas pleurer pleurer ou m’énerver encore plus fort: les auteurs de cette phrase sont tellement hors de toute réalité. Je pensais vraiment que ce n’était plus un secret pour personne! Le post partum c’est une période éprouvante physiquement, mais aussi mentalement, psychologiquement; pour soi, pour le couple, pour toute la famille. Et c’est une période qui peut être tellement longue, à compter en semaines, mois…voire plus. Qui pense encore qu’on ressort dans petit pantalon serré comme une fleur prête à aller faire la tournée des popotes!? Même sans avoir d’enfants, il n’est pas compliqué d’imaginer le chamboulement global que cela amène pour une femme, pour un foyer…
Me voilà aujourd’hui une fervente militante du changement qui doit être opéré pour accompagner cette phase de vie (concernant le soutien à apporter aux parents, l’aide proposée à la maman…)! Pourtant, je ne garde personnellement aucune image difficile de mon 1er post partum, aucun souvenir de déprime ou de fatigue extrême, de moi en pyjama à 18h complètement désabusée…
Mais quand même! Plus de 2 ans après, j’ai encore ce goût d’abandon de toute la sphère médicale qui par contre, nous étouffe presque pour préparer un évènement assez naturel; je me souviens bien d’un gap entre moi, ma nouvelle réalité et les commentaires d’un entourage qui soit n’a jamais été confronté, soit à déjà tout oublié, mais qui en gros n’a pas conscience de ce qui se passe à l’occasion de ce changement de vie …
Au regard de nombreux témoignages, je ne peux pas dire que ce fut dur alors je n’ose imaginer le ressentiment des mamans complètement esseulées, avec des bébés qui ont des soucis de santé, des mamans qui elles-mêmes auraient des séquelles physiques ou morales, des couples fragilisés… Certaines circonstances auraient pu me rendre les choses assez difficiles: un accouchement qui a duré 4 jours entre l’entrée à la maternité et la césarienne code rouge (cela a été un peu traumatisant certes mais je ne l’échangerais pour rien au monde!); être en plein déménagement (le papa a signé notre nouvelle maison pendant que j’étais à la maternité sans que je puisse la voir), voir le papa retourner au travail à la sortie de la maternité… Bref, ce n’était pas un conte de fées mais c’était bien à l’image de notre vie et on y a trouvé notre compte.
J’ai compris après qu’un élément essentiel m’a permis de bien vivre ce post partum. Ca me semble tellement évident maintenant… c’est la présence et le soutient sans failles de ma mère. Je n’avais pas conscience de la chance de l’avoir complètement disponible et tout près de chez moi. Pas envahissante, disponible: c’est la nuance qui change tout. Elle pouvait arriver en 10 min avec un repas, ou pour bercer bébé 1h, ou simplement pour me rassurer… le simple fait de se savoir entourée et soutenue était déjà bien apaisant.
Toujours est-il que, même dans ces conditions dont je garde un souvenir positif et heureux ( ce qui ne veut pas dire facile et sans pleurs), je n’ai pas du tout eu l’impression de me remettre de cette grossesse et de cet accouchement dans le laps de temps défini par le terme de « post partum » au sens couramment employé.
Il y a une autre phrase que je trouve, elle, beaucoup plus réaliste « il faut 9 mois pour le faire, 9 mois pour le défaire ». Je dirais même qu’en partant du principe que faire un bébé commence avant le 1er jour de la grossesse (prise de décision, PMA, fausse couche…), cela peut prendre plus de 9 mois. Personnellement, je sais aujourd’hui que cela m’a pris plus de 9 mois…
Que certaines mamans « se remettent vite » physiquement, cela existe évidemment. Mais le chamboulement qui suit une grossesse est bien plus qu’une histoire de retour de cycle menstruel, j’en suis plus qu’intimement convaincue et j’ose affirmer que je partage cela avec beaucoup de mamans et papas… Et je me demande aujourd’hui, plus consciente de cette réalité, comment je vais gérer celui du numéro 2…
D’abord car le post partum est une période où les changements physiques vers un « retour » (jamais total soyons bien clairs!) à une situation antérieure sont nombreux et perdurent après le quatrième trimestre. Allaitante ou pas, renouer avec son corps en tant qu’individu puis en tant que femme, retrouver ses aptitudes physiques pour les sportives, ses sensations au quotidien et dans l’intimité… nécessitent plus qu’un trimestre et une simple validation médicale concernant l’état de notre périnée. Même s’il est essentiel, notre corps ne se limite pas à notre périnée (et heureusement!).
Ensuite car c’est aussi un gros bouleversement moral/psychologique…: j’ai plané au moins les 5 premiers mois, toujours un peu dans la lune, tiraillée entre un footing et une montée de lait, à fond dans le travail et le coeur déchiré de le savoir si jeune loin de moi, endormie à 20H coupable de ne plus avoir de temps avec le papa… bref heureuse mais jamais sereine, fatiguée mais toujours à fond face à ce petit bonheur…
J’ai réalisé avec le recul que je n’avais pas compris que de tels changements avaient lieu, que j’aurais dû prendre plus de temps pour plein de choses… Je me suis tellement demandée d’avancer en pensant que c’était bien ainsi (c’était normal vu que tout semblait devoir être organisé dans ce timing…!) que j’ai renié trop longtemps les blessures qui s’accumulaient… C’est plus d’un an après que j’ai consulté pour accepter l’accouchement sans culpabiliser et me dévaloriser, pour aimer cet accouchement et mon histoire, pour réajuster les séquelles physiques qui n’avaient pas été relevées comme essentielles mais qui gâchaient mon quotidien de sportive par exemple…
Cette 1ere expérience m’a amené à me lancer à « corps perdus » dans des lectures, des partages pour comprendre pourquoi nous en sommes encore là, si mal préparées et entourée… J’ai donc lu, appris, que ce soient de lectures scientifiques, engagées ou via des témoignages d’auteurs internationaux, j’ai découvert la réalité des traditions africaines ou indiennes, de ce qui est mis en place au Québec ou dans certains pays d’Europe du nord pour réaliser qu’une redéfinition du 4ième trimestre et du post partum sont nécessaires en France.
Et c’est donc avec un état d’esprit tout à fait différent que je repense maintenant à cette période de ma vie et que j’envisage le post partum #2 à venir. Il est bien clair dans ma tête, à voir bien sûr avec la mise en pratique, que je ne précipiterais rien. Pour m’aider à faire cela, je me suis même constituer une petite liste de choses à faire et ne pas faire à consulter en cas d’hésitation !
Je garderais sous la main des ouvrages pratiques comme celui du Docteur Bernadette de Gasquet :Tout ( ou presque) se joue avant 6 semaines; puis Yoga, le Joyau de la Femme de Geeta Iyengar pour reprendre une pratique de yoga plus progressive… Je ne suivrais pas de programme à la lettre mais des livres comme le Mois d’Or de C.Chadelat et M.Mahé-Poulin permettent de se remettre des choses en tête avant d’avoir la tête qui déborde !
Au-delà de ces références, j’essaierais surtout d’écouter les besoins de la famille: du petit, du grand et du papa, de m’écouter moi ( corps et esprit) dans la douceur. Le post partum#1 a vraiment été celui de la découverte où je me suis laissée porter, et cela s’est bien passé. Mais à l’approche du deuxième, mes connaissances s’étant élargies, et avec la charge d’un 1er que je ne veux délaisser, l’appréhension se fait sentir. Même si tout se déroule de manière aussi fluide que la 1ere fois, ce sera sans la même innocence, avec plus de conscience des enjeux « de prendre son temps, sur un temps long« . C’est vraiment cela, la principale chose que je retiens: se protéger plusieurs mois et non pas dès que l’impression de retour à la normale apparait, que le médecin dit « Go », et que le travail reprend. La réhabilitation est bien plus sous-terraine et personnelle que ca.
Et c’est aussi pour cela que je veux me battre aujourd’hui. Aider les mamans, alerter l’opinion, faire bouger les consciences et déclencher des actions.
1 post partum pour réaliser, 1 deuxième pour agir? C’est peut être cela mon changement à moi. J’ai eu l’impression de renaître à la naissance de mon 1er enfant et il est souvent dit que devenir mère déclenche des changements de voies, d’envies… S’il est vrai que le 1er a déclenché bien des choses, il m’en faudra peut être un 2ième pour en faire aboutir d’autres…
Est-ce que chez vous aussi cette période a changé votre vision sur plein de choses? Vos envies? Vos réalités ? Avez-vous changé des choses pour le post partum #2? J’aimerais bien savoir comment vous avez réussi à faire vivre vos nouvelles convictions…?